CONFERENCE-DEBAT : « L’agriculture peut-elle être bio si elle n’est pas paysanne ? »

la-bio-entre-business-et-projet-de-socic3a9tc3a9 2à la salle d’animation de st Maurice sur Dargoire

Journaliste indépendant et réalisateur de films documentaires, Philippe Baqué a coordonné le livre « La bio entre business et projet de société », écrit par 8 auteurs et paru au printemps. 
Ses enquêtes sur l’agriculture industrielle l’on conduit à s’inquiéter de ce qui était en train de se passer pour la bio. Les firmes de l’agro-chimie et la grande distribution ont décidé d’en prendre le contrôle, profitant du fait que le label AB était maintenant compatible avec l’agriculture industrielle. S’il y a des profits à faire dans ce secteur – même s’il ne représente pour le moment que 3% de la nourriture, et peut-être 4,5% dans quelques années – elles veulent bien les faire ! Mettant ainsi gravement en danger le projet de la bio.

En réalité, c’est à une véritable OPA sur la bio et « le local » que les firmes et la grande distribution (y compris ses succursales « hard discount ») sont en train de se livrer. Et le même argument qui tue a été massivement ressorti : chez eux, « c’est moins cher ! », ce qui est loin de la vérité, d’ailleurs.
Dès lors, des magasins spécialisés patinent. Et les circuits courts (AMAP, diverses autres formes de partenariats locaux solidaires entre paysans et familles, magasins de producteurs, marchés à la ferme, paysans sur les marchés…) ont du mal, malgré beaucoup d’efforts, alors même que des millions de familles se posent maintenant la question de la qualité sanitaire de leur nourriture (ogm, pesticides…), et des conséquences sociales et environnementales de leur façon de se nourrir, et pourraient modifier leur comportement.

Et puis que deviennent ceux qui produisent la nourriture, les paysans, là-dedans ? Ils sont certes présents dans la communication faite par la grande distribution sur « la bio » et « le local », avec leurs photos sur les gondoles, pour faire « près de chez vous ». Mais dans l’agriculture « bio » industrielle qu’envisagent les firmes agro-chimiques et la grande distribution, les paysans sont les grands absents. La question du prix auquel les produits leurs sont payés par les centrales d’achats ne doit pas être posée. Parce que la réponse est déjà bien connue : toujours moins cher !

Bref, si on ne se réveille pas, on aura demain l’immense majorité des « consommateurs » circulant entre des gondoles de supermarchés de produits tous issus de l’agriculture industrielle mais étiquetés diversement : « agriculture raisonnée », « agriculture écologiquement intensive », « agriculture à haute valeur environnementale », « agriculture biologique », « produits locaux ». On cherchera par contre en vain « agriculture paysanne ». On ne trouvera pas. Il n’y a pas de place pour l’agriculture paysanne dans ce système. Et d’ailleurs les paysans continuent à disparaître…

Bref, le bio-business risque de tuer la bio, et il continue à éliminer les paysans. Ce sont toutes ces questions que met sur la table le livre « La bio entre business et projet de société ». Ses enquêtes de terrain en France et dans plusieurs autres pays, et ses analyses pour essayer de comprendre et aider à réagir en font un outil exceptionnel pour celles et ceux qui travaillent sur le terrain.
De toutes ces expériences et discussions, Philippe Baqué ressort convaincu que la bio n’est la bio que si elle est produite par une agriculture paysanne. Et c’est ce dont nous pourrons discuter avec lui

Nous vous y donnons rendez-vous !

 

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